Les éditions la peuplade, maison d’édition québecoise, a un talent certain pour dénicher des autrices et auteurs qui manient la langue française avec brio. Ce fut le cas par exemple au texte magnifique « Les marins de savent pas nager » de Dominique Scali. Dans un univers tout à fait différent, ce premier roman de Sébastien Dulude arpente le terrain de l’enfance et de l’amitié dans une langue profonde, poétique et sensible. Un livre à fleur de peau, tout en tension et en émotions dans lequel on rentre peu à peu, doucement, happé par cette écriture somptueuse. Le titre peut être trompeur car il ne s’agit pas d’un roman sur ce produit si dangereux et mortel mais par contre le livre se déroule à Thetford Mines autour des mines d’amiante dans lequel le père du personnage central travaille. Un univers porteur d’une certaine violence, d’une grande dureté dans lequel il faut être fort. Steve Dubois, un jeune garçon de 9 ans au début du livre va rencontrer et nouer amitié avec Charlélie Poulin, surnommé « Petit poulin » qui devient son voisin. Ils vont parcourir les dompes (les terrils) en mâchant des gommes aux cerises, construire une cabane dans un arbre, éprouver le bonheur de s’attendre et de retrouver, Sébastien Dulude rend la puissance d’une amitié naissante, de ce qui deviendra un souvenir d’enfance accompagné de ses odeurs, ses goûts, ses abîmes et ses sommets. Il nous en fait éprouver à la fois les forces et les failles. Un texte tout en contraste saisissant et inoubliable.
“Amiante” de Sébasten Dulude, éditions La Peuplade
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