Ce roman nous embarque dans une exploration qui a quelque chose de documentaire. Pour ma part je ne savais rien ou presque, de cette histoire, de cette île et de ses habitants : les Kanak, les libérés, les libres, les asiatiques, les métros, les caldoches, les algériens et tous les autres. Ceux qui sont nés là et ont été colonisés, ceux qui ont été envoyés au bagne, ceux qui n’ont pas pu en repartir, ceux qui sont arrivés après, quittant la misère et croyant trouver la fortune, ceux qui arrivent encore pour du travail et ne restent jamais très longtemps. On y croise des jumeaux kanak, une sœur et un frère, élèves de sa classe qui la fascinent, ainsi qu’un groupe Kanak qui militent par des actions « d’empathie violente », une vraie trouvaille, qui vont permettre à Tass d’ouvrir les yeux sur l’état actuel de l’île et sur son histoire personnelle. Il s’agit bel et bien d’un roman, celui du périple initiatique de Tass, qui va durer le temps d’une année scolaire. Il y a un passage particulièrement beau, onirique, voir mystique, où Tass plonge littéralement dans son passé. L’écriture d’Alice Zeniter est intelligente, fine, et drôle aussi.

« Frapper l’épopée » d’Alice Zeniter, éditions Flammarion