« James » de Percival Everett

Nous pourrions juste dire que ce roman est celui que déteste le plus Donald Trump ce qui est déjà un sacré argument en soi. Mais cela serait sans doute réduire par trop ce livre intelligent, vif et captivant dans lequel se superpose plusieurs niveaux de lecture.

Qui est James ? James c’est le Jim, esclave noir avec lequel dans le célèbre roman de Mark Twain Huckleberry Finn descend le fleuve qui conduit leur échappée, ici rebaptisé de son vrai prénom. Et ce livre, c’est les aventures non plus vue depuis Huck mais depuis le regard et la vie d’esclave de James, une histoire réinventée avec acuité et humour. Mais pour apprécier ce livre nul besoin d’avoir lu les romans de Mark Twain, la force de Percival Everett est qu’il fait de son inspiration un roman autonome et entier, émancipé.

Ce livre c’est d’abord un roman d’aventures, captivant, avec du suspens, des rebondissements étonnants et qui attrape le lecteur de bout en bout. C’est aussi, par son intelligence, un livre qui met en lumière les mécanismes du racisme, l’histoire sombre de l’esclavage. Et c’est encore un livre à l’humour ravageur où la langue est salvatrice.

Mais c’est aussi et surtout une démonstration par Percival Everett que la fiction est une arme sans pareille face à l’obscurantisme, face au racisme et contre l’injustice. C’est sans doute la raison principale pour laquelle le personnage cité au début déteste à la fois ce livre et cet écrivain. Cqfd.

« James » de Percival Everett, éditions de l’Olivier

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