« Peau de sang » d’Audrée Wilhelmy


D’abord parce que c’est le tripode, une maison qui prend des risques éditoriaux, fait des choix osés/risqués et qui va chercher de nouvelles voix, et leurs livres sont toujours beaux et soignés. L’autrice est québécoise, on sait depuis quelques années, que là bas l’écriture vit et se renouvelle peut être un peu plus qu’ici. L’éditeur dit que ce texte est à la croisée de la liberté de Goliarda Sapienza et de la poésie de Bérengère Cournut (Et si vous ne les avez pas lu, il faut absolument le faire !) et c’est tout à fait vrai ! L’histoire se déroule dans la ville de Kangoq, figée dans le temps et le froid, isolée dans la forêt. On y travaille dans les filatures et dans les champs. Et puis il y a cette femme, dans sa boutique, qui déplume des oies, prodigue des conseils aux jeunes filles et les initient, mais aussi aux plus vieilles : de la transmission au féminin ; et les hommes aussi qui viennent chercher du plaisir. Dès les premières pages, cette femme raconte, elle est morte, alors le texte ne comporte aucun point. D’autres voix s’immiscent au fil du texte, et l’on comprend au fur et à mesure qui parle, et ça n’a pas vraiment d’importance, car ces voix se mêlent de manière très fluides. C’est un livre qui se ressent, les textures, les odeurs, les corps, il y fait sombre et chaud dedans et sombre et froid dehors. C’est merveilleusement écrit, puissant, sensuel.

« Peau de sang » d’Audrée Wilhelmy, éditions Le Tripode

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